Yannick
Pourquoi j’ai regardé Yannick ?
J’ai déjà vu quelques films de Dupieux : Mandibules, daaaali ! et je me disais que Yannick méritait d’être vu. Parce que c’est Dupieux et qu’il y a Raphaël Quenard et Pio Marmaï, après avoir vu leur duo aux Césars, j’avais très envie de les voir encore sur mon écran. Alors Yannick rassemble ces deux sur scène.
Après avoir découvert Raphaël Quenard dans Chien de la casse, j’ai adoré sa manière de jouer, ses expressions. Il joue des personnages beaucoup plus proches de la normalité que ce que l’on voit. Dans Yannick, c’est un gardien de nuit qui s’ennuie de la pièce de théâtre qu’il voit. Est-ce une personne endormie qui rêve d’intervenir et de changer le cours de la pièce ou une personne qui en a vraiment marre et décide d’agir ? Pour moi, c’était un huis clos dans un théâtre, comme si chaque personnage jouait alors un rôle. Nous avons les acteurs, les spectateurs et l’élément perturbateur. Incarné par Raphaël Quenard. J’ai beaucoup aimé ce film, les personnages représentent tellement la manière dont on agirait dans la vraie vie et garde ce côté cinéma. A-t-on déjà vu un spectateur refaire la pièce en direct ? La scène dans laquelle il pète les plombs pourrait réellement arriver et le public a des réactions très honnêtes. Tout le monde paniquerait à la vue d’une arme et si la personne avec une arme venait nous aborder, il est quasiment sûr que l’on répondrait à ses questions. Puis, au-delà des personnages, le film est soutenu par les jeux d’acteur. Blanche Gardin et Pio Marmaï fonctionnent très bien comme duo, Ils doivent en plus jouer un rôle dans le rôle, puisqu’ils jouent des acteurs de théâtre.
Le bonus de ce film est sa durée. Avec Dupieux on a l’habitude, un film n’a pas besoin d'une durée de deux heures s’il raconte l’essentiel. En ce sens, le film est bien, on se pose une petite heure et on regarde une embrouille dans un théâtre. Cela me fait penser aux films the circle où c’est une discussion de vie ou de mort en huis clos pendant une heure et demie. Rien d’autre, juste du dialogue. Et au film Inside de Bo Burnham où c’est un monologue de lui qui remet sa vie en question en passant la trentaine enfermée à cause du coronavirus. J’imagine le tournage des scènes où il y a des monologues, tout le monde est silencieux et il faut essayer de faire une meilleure performance qu’avant, alors l’acteur se déchaine en incarnant son personnage de toute sa peau. J’aime à m’imaginer que quand je reverrai le film, je verrai la vision qu’a Dupieux en allant au théâtre.