La porte de Jeanne
Sans se retourner, il se mit à courir. Courir aussi vite qu'il le pouvait. Il le fuit comme toujours.
Depuis son enfance, il passe son temps à entendre cette voix et il en est effrayé. Cette voix se manifeste par une main tendue vers lui quand il se retourne. Alors il a vite arrêter de regarder dans son dos mais il entend toujours cette voix : Willie...
Sauf que Willie c'est son vrai nom, celui que ses parents lui ont donné avent de le laisser à l'abandon devant un orphelinat sordide. Personne n'a jamais cru Willie, il vit à l'écart et essaye d'ignorer cette voix pourtant elle continue encore et encore.
Cette gamine qui débarque dans l'orphelinat lui paraît absente dans son regard. Elle est toute petite et très fine, vêtue avec d'étrange assortiment de couleur. Un chapeau rouge foncé assorti aux chaussettes hautes à pois ocre. La jupe à froufrou est toute blanche ce qui porte l'œil sur le t-shirt vert fluo trop visible. La petite fille se présente à lui en tendant sa main à hauteur de Willie qui, pour la petite fille, correspond à sa tête. Il la sert fébrilement, elle, malgré sa petite taille, la sert très fort. Le regard de la petite gamine se fixe dans celui de Willie. Il comprend. Il sait qui elle est, pourquoi elle est dans ce lieu, peut être pas. Mais il sait son nom : Jeanne. Sa sœur. Sa vraie sœur. Elle lui parle d'un endroit meilleur. Alors ils s'enfuient de l'orphelinat.
Willie se retrouve dans la ville pour la première fois de sa vie. Jeanne le guide à travers un dédale de rue vers l'extérieur de la ville. La forêt qui borde la ville n'a rien d'effrayant, elle n'a pas de sentier non plus parce que personne ne s'y aventure. Mais les deux enfants se font accueillir par les branches qui les fouettent au fur et à mesure de leur pas. Autour il n'y a qu'obscurité, seulement un ou deux rayon de lune. Jeanne tient fermement Willie derrière elle pour ne pas le perdre. Puis devant eux se trouve une porte.
La porte de Jeanne.